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FAFL |
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Les acteurs déterminants dans la vie de Jean :
Les acteurs de la Patrouille :
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Paul GRIEU
"Nous allons donc pouvoir prendre un jour
notre vol ! René Daubray |
Paul Grieu est l'homme, le moniteur et le chef pilote, qui a découvert le jeune Maridor au sein de son aéro-club du Havre. C'est lui qui lui a appris la technique du pilotage et l'a formé afin qu'il devienne le pilote émérite que l'on sait. Cette page lui est consacrée, en sa mémoire, car très peu de personnes se souviennent de lui et de son immense travail de formation de plus de 80 pilotes qui seront tous brevetés et dont certains deviendront des héros comme Jean Maridor et Claude Raoul-Duval. |
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Paul Grieu est né le 24 août 1898 à Fécamp.
Il a 16 ans lorsque éclate la guerre de 14/18. Trois ans plus tard, il s'engage comme volontaire et part pour le front où il arrive en juin 1917. Il reste dans les premières lignes jusqu'en octobre 1918. A ce moment, il part pour l'école de Fontainebleau d'où il sort lieutenant d'artillerie. Il est ensuite muté dans l'armée de l'air.
Plus tard, il entame le métier de garagiste et ouvre un très beau garage à Sainte-Adresse. Il commercialise des marques comme Berliet, Panhard et Salmson. Il participe également à des courses ainsi qu'à des rallyes. Il se marie avec Madeleine Cellier née le 16 novembre 1898 dans le 17ème arrondissement de Paris. De cette union naissent deux filles : Marcelle, qui décèdera en 1946 et Paulette, qui décèdera le 4 juin 1996.
Il vient à l'aviation début 1933. Avec son ami Hultz, ils achètent à Edgar Raoul-Duval, alors président de l'aéro-club du Havre, un Potez 36 sur lequel il apprend à piloter. En juillet, il accompagne le président comme navigateur durant les 4.000 kms que comporte le tour de France des avions de tourisme. A cette occasion, il se révèle être un navigateur hors pair. Il effectue de nombreux vols et se spécialise dans l'aviation en gravissant tous les échelons. Finalement, dès 1935, il décide de se consacrer à 100 % à cette passion.
Il s'illustre à deux reprises pour des faits héroïques qui lui valent la Croix de l'Empire britannique et deux médailles de sauvetage françaises. Le 20 février 1936, alors qu'il était en compagnie de son ami Julien Tanguy, il porte secours aux naufragés d'un avion anglais sombré en face du Palais des Régates. Le 14 juillet 1937, alors qu'il est en vol avec M. Baderspach, il vient au secours de deux aéronautes partis en dérive au-dessus de la Manche avec le ballon "Le Croissant". Dans cette même année, il accompagne son ami Yves Dubosc dans un voyage qui les emmène en Europe Centrale, les Balkans puis retour par l'Italie. Il se rend très souvent en Angleterre, mais il est toujours prêt à partir pour n'importe quelle destination, n'importe quel pays. Il aime donner des baptêmes de l'air à des membres du club ou à des amis.
Paul Grieu possède des qualités de sang-froid et de précision qui profiteront à ses élèves. Il est fort apprécié par tous ses amis qui le définissent comme un camarade délicieux et parfait, un ami très sûr et un type remarquable, toujours prêt à rendre service. Ce "Rendre service" dont il avait d'ailleurs fait sa devise et pour lequel il se tenait doublement prêt.
Il s'occupe de ses nombreux élèves pilotes à qui il laisse toujours la plus large initiative. Bien qu'il soit toujours prêt à rectifier une fausse manoeuvre, il les habitue à s'apercevoir eux-mêmes de l'erreur qu'ils allaient commettre. C'est un moniteur calme, toujours souriant, maître de lui, malgré des journées durant lesquelles il forme jusqu'à 7 élèves.
Le matin du 15 février 1939, le chef pilote s'envole pour Buc et Le Bourget avec son Farman 402 de couleur jaune et gris immatriculé F-AMTL, afin de passer les dernières épreuves du brevet de transport civil. Le lendemain, il repart de Buc vers midi pour ce qui sera, hélas, son ultime vol ...
PERDU DANS LA BRUME ...
Alors qu'il fait route directement vers le Havre, et qu'il vient de franchir l'estuaire du Havre, une épaisse brume recouvre la côte. Des gouttes de pluie tombent dans un vent froid de Nord-Est. Il cherche désespérément une éclaircie qui lui permettra d'atterrir. Entre 13h30 et 13h40, des havrais l'entendent distinctement boulevard Albert 1er à la hauteur des Embruns. Paul Grieu tournoie au-dessus de Dollemard à la recherche de son terrain de Bléville. Subitement, un rideau de peupliers se dresse devant lui et il tente immédiatement de reprendre de l'altitude. Mais l'aile droite touche les hautes branches des arbres qui arrachent, semble-t-il, un aileron. A 170 kilomètres à l'heure, l'avion est déstabilisé, pique du nez et s'écrase un kilomètre plus loin, dans un champ en jachère de Sanvic, sur lequel abouti la rue Kitchener, tout près du cimetière de cette commune.
Un jeune mécanicien de l'aérodrome, André Tocqueville, a entendu l'avion qui volait bas, puis le bruit du crash. Il s'est immédiatement rendu sur place et a reconnu le moteur de l'avion de Paul Grieu. Il a téléphoné au président Raoul-Duval pour lui annoncer la catastrophe. Une femme, accourue d'une maison voisine, a entendu le dernier râle du pilote.
Sur les lieux du drame, le moteur est enfoncé de quatre vingt centimètres dans la terre et il est recouvert de boue, les pales de l'hélice arrachées. Attenant au moteur, le tableau de bord est brisé et le cadran du badin (compteur de vitesse) est bloqué à 170 km/h. Quinze mètres plus loin, on distingue l'habitacle de l'avion planté dans le sol à la verticale, l'aile droite arrachée dont les débris sont éparpillés tout autour. On peut cependant voir dans une partie intacte une branche de peuplier grosse comme un doigt qui y est fichée. Le fuselage est cassé en deux, sa partie arrière est restée intacte. Dans ce qui reste du poste de pilotage, une petite poupée fétiche pend lamentablement au bout de son fil. On aperçoit le corps du pilote, couché sur le dos au-dessus des débris de son avion, jambes et bras étendus. Il avait été broyé contre le moteur et éjecté de la carlingue. Ses camarades arrivés sur les lieux recouvrent pieusement d'une couverture le corps atteint de nombreuses fractures, dans l'attente de son transport au dépositoire de Sanvic puis à son domicile avenue Désiré-Dehors à Sainte-Adresse.
Ce drame allait marquer tous les membres et les pilotes de l'aéro-club, en particulier Jean Maridor, qui veillera la dépouille de son "maître" durant toute une nuit.
Le journaliste du "Petit Havre", Jean Le Povremoyne, a su trouver les mots justes dans son article du vendredi 17 février 1939 :
SOURCES :
- Le Petit Havre du vendredi 17 février 1939
REMERCIEMENTS :
- Madame Evelyne Lerat - Monsieur Jacques Grieu - Monsieur Jean Omer
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