Son histoire, le plus jeune pilote de France

 

 

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Le plus jeune pilote de France

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     Le Capitaine Jean MARIDOR est, parmi les pilotes français disparus, l'un de ceux qui, par leurs exploits et leur mort héroïque, a contribué le plus à accroître la gloire de nos ailes.

 

      Jean Pierre Edmond MARIDOR est né à GRAVILLE, 67 boulevard Sadi-Carnot, le 24 novembre 1920 à 22h30. Son père, Pierre Auguste MARIDOR possède à ce moment là une épicerie dans laquelle il vendra également de la charcuterie, mais il exercera plus tard le métier de chauffeur routier pour le compte de Monsieur Yves DUBOSC, qui a une entreprise de produits teinturiers et qui est administrateur de l'aéro-club du Havre. Sa mère, Marcelle SAYSSET n'exerce pas de profession mais tiendra plus tard la petite épicerie, au 77 rue des Prés-Colombel. Mais avant cela, la petite famille décide de se fixer à MONTVILLIERS, car Jean, qui est un garçon fragile, est sensible à l'air polluée de la ville. Tout enfant, sa première rencontre avec l'aviation, au cours d'un meeting, est pour lui un véritable coup de foudre. A 12 ans, il reçoit le baptême de l'air et, dès cet instant, sa courte existence sera consacrée aux choses de l'aviation. Après l'obtention de son certificat d'études, l'élève studieux qu'il est (il était jusqu'alors toujours 1er ou 2ème de la classe) est alors orienté vers l'enseignement. Entré à l'Ecole Supérieure du Havre, il accumule en quelques semaines, des notes désastreuses. Durant des mois, Jean poursuit ses études sans grande conviction. Mais son esprit est ailleurs, dans son monde à lui, celui des avions. En désespoir de cause, son père l'autorise à s'inscrire à l'Aéro-Club du HAVRE. Il prend possession de sa carte de membre n° 1008 qu'il garde précieusement sur lui. Un autre baptême de l'air ne fait que confirmer la route qu'il s'est tracée. Il ne s'en écartera plus. L'année scolaire terminée, son père apprend que Jean doit refaire une année d'études. L'explication qui s'en suit entre le père et le fils se traduit par la conclusion que le désir de Jean est d'aller travailler.

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La maison natale de Jean Maridor

La maison natale de

Jean Maridor

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La carte de membre de l'Aéroclub du Havre

Carte de membre de

l'Aéroclub du Havre

© Ordre de la Libération

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     A présent, le jeune garçon est employé chez Monsieur GASTE, ami de Monsieur MARIDOR, comme garçon coiffeur. Jean qui possède maintenant un emploi proche de l'aérodrome peut partager son emploi avec sa passion. Lorsqu'il entend passer un avion, il sort en courant du salon de coiffure, laissant le client avec le savon à barbe sur le visage et commente à qui veut l'entendre le type et les caractéristiques de l'appareil. Un jour, il coiffe sa cousine et, sans doute troublé par la présence de son père dans le salon de coiffure, il lui coupe un bout d'oreille. Le dernier client rasé ou coiffé, il saute sur sa bicyclette pour aller au terrain. Là-bas, il se faufile entre les avions. Un chiffon à la main, il nettoie les pare-brise des avions ou se trouve dans le sillage de Camille surnommé "Camomille", le mécanicien. Bientôt, tout ce petit monde a adopté le jeune garçon haut comme trois pommes qui ne cherche qu'à rendre service. Pour le remercier de son dévouement, les pilotes l'emmènent quelquefois dans leur avion. Il se sent particulièrement à l'aise là haut. Très vite, le chef pilote, Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu, qui est l'un des animateurs les plus réputés de l'aéro-club du Havre, remarque l'assiduité, la serviabilité et les qualités de Jean et s'intéresse à lui.

 

     L'argent de poche du jeune homme lui sert à payer des heures de vols. Sa soeur également lui paie quelques minutes de vols avec ses maigres économies, de même que son père et sa grand-mère. Tout son être est tendu vers l'aviation et pénétré d'un ardent désir de voler. Bien qu'il s'applique à son travail, il ne s'exprime pourtant entièrement que sur le terrain d'aviation. Un membre de l'Aéro-Club, Monsieur Yves DUBOSC, qui possède un avion de tourisme "CAUDRON AIGLON", décide de lui donner sa chance et l'emmène avec lui. Très vite, Jean est à l'aise derrière les commandes de cet avion. Les douze heures d'entraînement qu'il effectue ne peuvent malheureusement pas être homologuées pour la première partie du brevet car Monsieur DUBOSC n'est pas moniteur, A l'issue de quinze autres heures contrôlées, Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu prend alors Jean sur le "POTEZ 36" et décide de le lâcher immédiatement. A présent, seul maître de sa machine, il peut savourer les joies du vol en solitaire.

 

Le Caudron C.600 'Aiglon' de M. Dubosc en 1936

Le Caudron C.600 Aiglon

de M. Dubosc

- 1936 -

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Jean fait le pitre sur le terrain de l'Aéroclub en 1937

Jean fait le pitre sur le

terrain de l'Aéroclub

- 1937 -

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Jean sur le terrain de Bléville en 1937

Jean sur le

terrain de Bléville

- 1937 -

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Jean et ses camarades devant un Farman 400 en 1937

Jean et ses camarades

devant un Farman 400

- 1937 -

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     En décembre 1936, il remporte avec brio les épreuves du premier degré du brevet de pilote devenant ainsi le plus jeune pilote de France. Mais il ne pouvait recevoir sa licence puisqu'il n'avait pas l'âge réglementaire de 17 ans. Il sollicite une dispense et le 20 janvier 1937, il est reconnu apte à la visite médicale. "LE PETIT HAVRE" qui venait de paraître le matin du 7 février le consacre avec cet article :

 

"Le Havre peut être fier à son tour de posséder maintenant un des plus jeunes pilotes de tourisme de France, puisqu'un des jeunes élèves de l'Aéro-Club du Havre, Jean Maridor, qui vient tout juste d'avoir 16 ans, a passé ces jours-ci, avec succès, les épreuves pour l'obtention du brevet de tourisme premier degré.


Une seule ombre pour lui au tableau : il faut avoir dix-sept ans révolus pour que les services intéressés de l'Aéro Club de France vous délivrent le fameux petit bout de carton. Les règlements sont formels.


Malgré la bonne volonté de tous, il est impossible à quiconque d'obtenir plus de six mois de dispense.


Il lui faudra donc attendre six mois pour pouvoir s'élancer sur la campagne et parfaire, à ce moment là, son éducation de navigateur.
Le résultat obtenu est tout à l'honneur de l'Aéro-Club et de son moniteur Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu, dont l'éloge n'est plus à faire.


Félicitons donc chaleureusement professeur et élève du brillant résultat obtenu."

 

     Ce succès ne fait qu'aviser sa passion pour le vol ; mais cette passion, il la dissimule jalousement ; elle représente désormais son univers personnel ou seuls quelques rares initiés auront accès. Il se destine à présent au métier de pilote d'essai.

 

     Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu lui conseille de s'inscrire à la section de l'aviation populaire du HAVRE qui vient d'être fondée. Au début, Jean est hostile à l'aviation populaire parce qu'il estime qu'elle est trop politisée, mais finalement, il décide tout de même de s'y inscrire. Le brevet du premier degré lui est enfin remis par dérogation spéciale le 23 juin 1937. Jean MARIDOR qui avait alors atteint 32 heures de pilotage, ne cesse d'accroître le nombre de ses heures de vols sur "POTEZ" ou "CAUDRON" ; il s'entraîne à la navigation et plane solitaire, dans son royaume secret. C'est l'époque pendant laquelle il se met à administrer des baptêmes de l'air. il emmène son père, sa soeur, sa grand-mère, ses cousins et bons nombre de personnes confiées par Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu.

 

     A l'occasion de l'arrivée de l'escadre américaine au HAVRE en 1938, Jean obtient de Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu l'autorisation de retirer la portière du "POTEZ 36" afin de pouvoir prendre des photos de la rade et de la ville. Il emmène son copain Marceau mais les deux complices s'aperçoivent qu'un hauban gêne la visibilité. Loin de se décourager, Marceau attache une courroie à sa ceinture et donne l'autre extrémité à Jean puis sort de la carlingue en s'agrippant au hauban pendant que son compère pilote son avion d'une seule main. Suite à ces péripéties, Monsieur MARIDOR demande à Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu de ne plus permettre aux deux "fous" de se livrer à des aventures aussi périlleuses. Mais le jeune MARIDOR ne cessera plus désormais de se livrer à des figures acrobatiques qu'il affectionne particulièrement.

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Photo du quartier des Acacias et de son église prise en 1938 par Marceau

Photo du quartier des

acacias et de son église

prise par Marceau

- 1938 -

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Paul Grieu dans l'entrée du bureau de l'Aéroclub

Paul Grieu dans l'entrée

du bureau de l'Aéroclub

- 1938 -

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     Cette année là, Charles LINDBERGH, qui avait réussi en 1927 la traversée sans escale de l'Atlantique Nord de NEW-YORK au BOURGET à bord de son "SPIRIT OF SAINT LOUIS", se pose en visite au HAVRE. Jean a la très grande fierté de lui être présenté.

 

     Le 6 septembre 1938, par un temps épouvantable mais fort de ses 75 heures de vols, il effectue le circuit DIEPPE-ABBEVILLE-BERCK-LE HAVRE sur un avion "SALMSON Cri-Cri". Au retour, épuisé et malade par l'effort fourni et transi de froid, il obtient son brevet de pilotage du second degré avec les félicitations de Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu très fier de son élève.

 

     Mais un événement dramatique allait changer le cours de cette belle histoire dans laquelle le jeune homme avait évolué jusqu'à présent. Le 15 février 1939, alors que Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu rentre du Bourget et de Buc à bord de son "FARMAN 402", une épaisse brume recouvre toute la région du Havre. Sur le terrain, on allume des feux pour aider le pilote en perdition à repérer la piste. Au bout d'une heure, à court d'essence, le chef pilote tente un atterrissage désespéré et soudain un bruit de collision. Le "FARMAN" vient de faucher deux arbres. On retire des débris de l'avion Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu, qui n'avait plus que dix minutes à vivre. Jean apprend la nouvelle le soir même. Celle-ci le touche jusqu'au fond de son coeur. Cette nuit là, il ne dort pas. Pendant la longue veillée funèbre qui s'en suit, Jean se tient devant le cercueil, au garde à vous. Pour la première fois, il sait maintenant que l'aviation n'est pas le sport qu'il avait tant aimé. Ce sport là vient de prendre un visage meurtrier qui a vaincu son maître, Paul GRIEU Cliquer pour lire la biographie de Paul Grieu, qui ne pouvait jusque là pas être pris en défaut. Désormais, il sait qu'il lui faudra compter sur les risques, les innombrables difficultés à vaincre et les multiples épreuves à surmonter. Cette tragique expérience vient de façonner le caractère du jeune pilote pour qui le combat vient de débuter.

 

     Il s'inscrit ensuite au concours d'entrée à l'Ecole de l'Air à ISTRES pour la session 1939. Avec méthode et persévérance, il prépare les différentes épreuves. Il suit des cours par correspondance à l'école Universelle. Il travaille très tard la nuit et pratique tous les exercices sportifs prévus au programme. Il court ainsi tous les jours plusieurs kilomètres, pratique la gymnastique dans le grenier et fait d'étonnants débuts en natation. Il se partage ainsi, jour après jour, entre son travail, l'aérodrome, les études et le sport, avec toujours une chanson sur les lèvres. Il s'achète un harmonica qui le suivra jusqu'en Angleterre.

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Jean à l'école d'Istres (Angers ??) en 1939

Jean à l'école d'Istres

(Angers ??)

- 1939 -

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    En mai 1939, il est reçu brillamment au concours d'entrée à l'Ecole de l'Air à ISTRES et continue à fréquenter assidûment l'aérodrome de BLEVILLE, accomplissant le 13 août sa centième heure de vol. Le 27 août 1939, il vole quarante minutes sur "CAUDRON 275", du HAVRE à ROUEN : c'est le dernier épisode aéronautique de sa vie du temps de paix.

 

Crédit photos :

- Musée de l'Ordre de la LIbération

- Madame Thérèse Maridor

- l'auteur, Jean-Claude Augst

 

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dernière modification effectuée le 12 juillet 2014