PROJET DE RADIODIFFUSION DU GENERAL VALIN
sur le "CAPITAINE MARIDOR"


  

 
 

Général Martial VALIN Celui dont je tiens à vous parler aujourd'hui, est un jeune Français, Jean MARIDOR, un fils du peuple qui, aux heures sombres de 1940, s'est révolté contre la défaite. Il a fait partie du 1er Groupe de ceux qui, en juin 1940, à l'époque la plus sombre de notre histoire, se sont échappés de notre Pays, pour continuer à combattre et mettre son épée au service de l'homme qui présentait le seul espoir de la France.

    Caporal pilote, à peine breveté, frais émolu des écoles françaises, il était volontaire pour tout ce qui lui permettait de combattre. Il lui fallut pourtant passer par les écoles britanniques, ainsi que par les centres spéciaux d'accoutumance à la guerre moderne.

    Déjà pilote de grande classe, tireur merveilleux, il fut très rapidement déclaré apte à combattre. Il fut affecté au Squadron Britannique n° 91 avec un ou deux autres pilotes français qui d'ailleurs sont malheureusement morts depuis. Ce squadron avait un nom typique : le "JIM CROWN SQUADRON" - l'Escadrille du Corbeau. Son but : la surveillance de l'ennemi, le contrôle de tous les ports de la Manche, l'attaque de tout avion, de toute activité maritime, de tout ce qui pouvait se présenter comme manifestation de l'ennemi.

    Cette équipe devint rapidement légendaire, ses pilotes étaient des spécialistes du mauvais temps. Ils ne pouvaient évidemment pas se présenter sur les ports et sur la côte française par un temps clair et une visibilité absolue ; ils agissaient en apache, profitant du mauvais temps, du plafond bas, de tous les nuages qui pouvaient leur permettre d'arriver à l'improviste. Il leur fallait ensuite pénétrer dans la zône du port à toute vitesse en piquant au ras des bateaux et de jetées, poursuivis par ces milliers d'aiguillons de feu qu'étaient les obus traçants qui les harcelaient sans merci.

    Dans ce groupe de "risque tout" un homme émergeait : Jean Marie MARIDOR, notre ex-caporal pilote, dont la virtuosité, le courage inflexible et la réputation d'intrépidité augmentaient à chacun de ses vols.

    Il s'attaquait à tout : aux vedettes lance-torpilles, aux fameux bateaux flack, véritables forteresses flotantes, terreur des aviateurs, aux avions, et surtout aux ports de la Manche.

    Pour cet homme indomptable qu'aucun ordre formel ne parvenait à empêcher de se battre, n'importe quel motif, même le plus futile lui était bon pour courir seul l'aventure et filer à tire d'ailes de l'autre côté de la Manche, au-dessus de ces ports de France, qu'il connaissait bien.

    Tout cela pour ajouter quelques bateaux de plus à son palmarès et apporter aux français le réconfort des cocardes tricolores passant au ras des toits.

    MARIDOR accumula victoire sur victoire, aussi bien contre les avions, contre les bateaux que contre les convois ou les trains à terre.

    Il dut aller au repos pendant quelques mois, mais n'aut de cesse de recommencer à se battre.

    Il était déjà célèbre dans toute l'Angleterre depuis qu'à FOLKESTONE il mit en déroute à lui seul, puis avec l'aide de deux camarades, quinze "FOCKE-WULF" allemands ; il en descendit deux en flammes et en endommagea plusieurs autres.

    Pour leur avoir épargné un bombardement en piqué, cruel et dévastateur, la population de FOLKESTONE envoya à MARIDOR quelques bouteilles de vin de France et son escadrille fut félicitée.

    De plus en plus, MARIDOR se spécialise dans des expéditions réputées impossibles. Le jour où le temps était inviolable, où la tempête se déchaînait, où le plafond de nuages bas, empêchait toute expédition vers l'ennemi, MARIDOR décollait avec son SPITFIRE sous n'importe quel prétexte. Un sondage météorologique, un essai d'avion et le voilà parti seul au ras des crêtes sur la Manche déchaînée, fonçant vers la côte de France.

    Il affectionnait particulièrement le Havre, sa ville natale, entrait littéralement dans le port, se faufilant entre les cheminées et les mâts des bateaux, les attaquants au canon et à la mitrailleuse, jetant le désarroi chez l'ennemi.

    Au retour, il était immédiatement convoqué par ses chefs, réprimandé et félicité tout à la fois.

    Puis vint la grande attaque du 6 juin, le débarquement, MARIDOR participa avec enthousiasme au mitraillage des premiers jours. Pour lui, ce fut une époque magnifique, des ennemis il y en avait partout, il suffisait d'arriver sur n'importe quelle route pour trouver des chars, des camions, des convois. Mais peu de temps après, vint la réaction allemande avec leurs bombes volantes, le fameux V1.

    Le Squadron du Corbeau avait à l'époque les meilleurs avions les plus rapides, c'est pourquoi il fut retiré de la bataille de Normandie, pour être affecté à la poursuite de la nouvelle arme secrête.

    MARIDOR en fut d'abord navré, puis comme toujours, avec son enthousiasme, avec la volonté inébranlable qui l'animait, il sa passionna à cette lutte contre cette arme sournoise.

    De sa base située sur la côte sur de l'Angleterre, il décollait à la première alerte, fonçait sur le petit robot sombre qui passait aveugle et insensible pour porter la mort vers la grande Cité de LONDRES. MARIDOR l'attaquait de près, envoyait toutes ses rafales à coup sûr... alors le robot explosait ; l'avion démantelé par le choc de l'explosion était ramené à la base par son pilote, grâce à des prodiges d'adresse et de virtuosité.

    A l'un des des chefs, un officier français qui inspectait sa base et qui lui disait : "MARIDOR, soyez quand même prudent, faites attention" il répondit par ces simples mots : "C'est très difficile de faire attention". Et à nouveau il s'attaquait aux bombes volantes toujours de plus près, toujours en prenant les plus grands risques.

    Mais l'une d'elles un jour eut une réaction différente : au lieu d'exploser en plein ciel comme les autres, quand elle fut touchée par les obus et les balles, elle piqua vers le sol non pas vers ces vertes prairies d'Angleterre, mais au contraire sur une région habitée, sur un hôpital remplit de malades et de blessés. Alors MARIDOR n'hésita pas, il se jeta encore plus près, fonça vers le robot et à bout portant lui tira ses derniers obus ; la masse aveugle explosa dans un grand remous de flammes et de fumée, le petit SPITFIRE de Jean MARIDOR fut déchiqueté et ses débris mêlés à ceux de la bombe volante s'éparpillèrent autour de l'hôpital préservé, grâce à ce sublime sacrifice.

    C'est ainsi que se termina l'odyssée de ce Français qui, pendant 4 ans, avait si souvent joué avec la mort.
  

 
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