EMISSION RADIOPHONIQUE DU GENERAL VALIN
sur le "CAPITAINE MARIDOR"


  

 
 

Général Martial VALIN Je continue aujourd'hui à vous entretenir des pilotes français qui, d'Angleterre, continuent le combat, au sein des formations britanniques.

    Vous savez, comme moi, que l'aviateur, par déformation par habitudes prises sur les terrains ou les popotes, adore discuter "le coup", suivant le jargon aéronautique. Et celà est vrai quels que soient sa nationalité, son éducation ou la couleur de ses cheveux. S'il est plus raffiné, les démonstrations qu'il fera de ses mains seront les mêmes, mais le geste sera plus souple, plus coulé, et les ongles un peu mieux soignés. S'il est plus âgé, vous observerez chez lui un peu moins d'excitation, des mouvements plus rares, mais plus nets, et si il passe à la condition d'auditeur, un très grand sérieux éclairé d'une expression très bienveillante et d'un regard discrétement amusé.

    Mais quel qu'il soit, ce combattant ne "cravatte" pas sérieusement. Il sait trop combien l'affaire a été chaude, il sait trop que malgré sa simplicité, l'action a été suffisamment poignate pour qu'il soit inutile de l'embellir. Il se trouve enfin avec ses égaux et ses pairs, à qui il porte, quelles que soient ses qualités personnelles, le plus haut respect. Ainsi donc, vous pouvez considérer qu'un aviateur, rapportant un combat, une victoire, ne ment pas, sauf s'il est italien. Et encore dans ce dernier cas, ne ment-il pas lorsqu'il affirme qu'à lui seul, il a mis en déroute quelque formation ennemie, car d'avance il sait bien qu'aucun de ses camarades ne le croira. Pourtant, plus que les récits, les notes, les appréciations d'un supérieur sont éloquentes.

    Permettez-moi de vous lire la traduction d'une lettre officielle qui m'a été adressée par le commandant anglais de l'escadrille où combat le sergent Jean-Marie M..., aujourd'hui Sous-Lieutenant :

    "L'aviateur sus-nommé a, entre telle et telle date, été engagé avec mon unité dans des combats extrêmements durs.

    Mon escadrille étant surtout destinée aux attaques contre la défense anti-aérienne et les attaques au sol, le nombre des avions abattus ne peut évidemment pas être élevé.

    Le sergent M..., a en toutes circonstences, montré un grand courage et une grande détermination en face d'une défense anti-aérienne violente, et la conscience avec laquelle il a mené à bout toutes ses missions, aussi hasardeuses ou sévères qu'elle furent, méritent d'être exceptionnellement louée.

    Il n'est pas possible d'employer des termes trop élogieux lorsque je parle de la lucide impétuosité avec laquelle il a engagé l'ennemi dans les conditions les plus dangeureuses.

    Je joins à cette note un relevé de ses combats, avec l'espoir qu'il vous sera possible de récompenser cet excellent sous-officier de son courage et de son beau travail.

    Je lis maintenant quelques extraits :

    Le 24.9.41, le sergent M, attaqua avec des avions de sa patrouille un chalutier armé de 600 tonnes qui fut sévèrement endommagé.

    Le 1er octobre 1941, le sergent M, attaqua avec ses camarades 8 bateaux torpilleurs, qui furent tous gravement endommagés, et l'un mis en flamme.

    Le 3 octobre 1941, le sergent M, participa avec le reste de sa patrouille à l'attaque d'un convoi comprenant un gros chalutier, un cargo à moteur de 800 tonnes, un cargo à moteur de 1500 tonnes, un bateau de D.C.A., un bateau torpilleur.

    Le cargo de 800 tonnes fut incendié, ainsi que le bateau de D.C.A.

    Le 14 octobre 1941, le sergent M. prit part à l'attaque d'un hydravion Heinkel 59 qui dut amérir avant d'être détruit.

    Le 31 ocotbre 1941, le sergent M. participa à la première attaque à basse altitude sur routes - opération au cours de laquelle un transformateur fut démoli et une usine endommagée, en plus d'un certain nombre de péniches, d'emplacements d'artillerie, de troupes et de matériel de transport.

    Le 6 novembre 1941, le sergent M. participa à l'attaque d'une concentration de bateaux, en détruisant plusieurs, ainsi qu'un gazomètre et 3 locomotives.

    Le 15 novembre 1941, le sergent M. attaqua à basse altitude des objectifs ennemis. En raison d'une puissante défense anti-aérienne, deux avions sur les quatre durent faire demi-tour. Le sergent M. après avoir fait sauter un camion chargé de soldats allemands couvrit efficacement durant le retour son chef de patrouille qui put ainsi atterrir en sécurité à sa base."

    Je me suis volontairement limité à des exploits délà anciens, mais soyez tranquille, ce petit est toujours là, il continue. 

 
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