Son histoire : les années de guerre, la débâcle

 

 

Compagnon de la libération

Insigne FAFL

FAFL

Les acteurs déterminants dans la vie de Jean :

 

Les acteurs de la Patrouille :

 

 

 

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Les années de guerre

La débâcle

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     Le 30 août 1939, à 19 ans, il s'engage pour cinq ans dans l'Armée de l'Air. Le 2 septembre, Jean MARIDOR rejoint la base de TOURS alors que la mobilisation générale est décrétée. Il découvre avec ses camarades des conditions de vie difficiles et ce n'est pas une chambre confortable qui les attends mais une grange et des paillasses entourées des animaux de la ferme.  Mi-septembre, ils rejoignent l'Ecole Civile de Pilotage d'ANGERS (anciennement Compagnie Française d'Aviation) installée à AVRILLE.

 

Ordre de mobilisation générale

Ordre de Mobilisation

Générale décrété le

30 août 1939 à compter

du 2 septembre 1939

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Hiver 1939/1940 à l'école d'Angers-Avrillé

Angers hiver 1939/1940

Debout : g. à d. :

Lefant-Stanhope-Boudier-

Cavennes-Devaux-

Laurent P.-Maridor-Morin

Assis :

Lombaert-Pasques

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Jean avec son premier uniforme à l'école d'Angers-Avrillé en 1939

Jean avec son premier

uniforme à l'école

d'Angers Avrillé

- 1939 -

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     L'existence qu'il mène durant la drôle de guerre ne le déçoit pas : il peut se donner entièrement à son amour pour l'aviation, il vole, trop peu encore à son gré ; il monte et démonte des moteurs et des avions ; il est dans son élément. Il correspond avec sa famille et avec Jacqueline, la secrétaire de l'Aéro-Club,  mais également avec son vieux copain Marceau à qui il raconte ses péripéties en lui demandant de ne pas les répéter à sa famille :


"Hier j'ai encore failli me casser la gueule, fin comme du sel. J'ai volé sur MORANE 230. Le zinc n'était pas assez chaud, j'ai décollé avec 450 tours de moins... Une paille !... En bout de terrain, il y a un talus de chemin de fer. Les copains m'ont vu sauter de justesse, en faisant des paf paf..."

 

     Le 16 février 1940, à la suite des examens de fin de peloton, il est classé numéro 1 de sa promotion appelée "PROMOTION Z" (Raphaël LOMBAERT et Roland de La POYPE sont également arrivés en première position). Il est affecté avec le grade de caporal, et avec le même numéro, à l'aviation de chasse à ETAMPES. Il écrit à son ami Marceau ces quelques lignes :

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"J'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer :
        1. Je suis accepté dans la chasse avec le numéro UN.
        2. Je suis le major de ma promotion.
 Juge de ma tristesse devant pareilles choses !
 Je doute de moi, je me sens incapable de bousiller un Boche... J'ai la frousse de me faire descendre...
Mais assez de blagues ! Mon vieux... La vie est merveilleuse !"

 

     Ses moniteurs l'avaient surnommé :

 

"celui qui ne veut pas arrêter les vrilles"

 

     Il avait la passion du pilotage et maîtrisait parfaitement toutes les figures de la voltige aérienne et il continua de se perfectionner. Un jour, Jean décolle avec son "MORANE 191" et lorsque l'avion repasse au-dessus de ses camarades qui étaient restés au sol, il n'y avait plus personne à bord. L'explication était simple, Jean venait de passer de la place arrière à la place avant en se faufilant entre les haubans de l'appareil, et comme il n'était pas très grand, personne n'a pu le voir. 

 

     Après quoi, le 16 mars, il rejoint l'Ecole d'ETAMPES où, à son amère déception, les vols sont interdits durant une longue période. Le 21 mars, il part en permission pour dix jours au Havre. Durant son séjour, son père lui demande ce qu'il compte faire si la France devait perdre la guerre. Il répond : "Je n'accepterais jamais de vivre sous la botte des nazis ...". Le 31, le moment est venu pour lui de se séparer de sa famille qui l'accompagne au train qui doit le mener à Paris. Lorsque celui-ci s'ébranle, Jean reste sur le marchepied et voit s'éloigner avec beaucoup d'émotion le quai de la gare sur lequel ses parents et sa soeur lui font de grands signes auxquels il répond également en agitant son bras. Ce sera la dernière fois qu'ils auront l'occasion de se voir ...

 

Ecole de chasse d'Etampes - 65 ans plus tard

Ecole de chasse d'Etampes

65 ans plus tard ...

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Dewoitine D.500

Dewoitine D.500

Origine inconnue - D.R.

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     Il arrive dans la nuit en gare d'Austerlitz où il rencontre quelques camarades qui décident de dormir au dortoir militaire. Il les suit et passe ainsi une bonne nuit de sommeil, puis il repart pour Etampes où il arrive le matin du 1er avril.

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     De longues séances de cours pour la préparation au peloton de sergent l'empêchent de voler. Il écrit à ses parents le 21 :


"Ca m'énerve à un tel point que je loupe tous mes tirs, en ce moment. Je m'en fous de leur grade de sergent et de tout ce qu'ils peuvent nous donner... Mais qu'ils nous fassent voler !"

 

     Finalement, les vols recommencent enfin le 22 avril et Jean est à nouveau heureux de pouvoir se retrouver dans son élément naturel.

 

     Mais l'armée allemande se rapproche et le 18 mai, l'Ecole part pour LA ROCHELLE. Les bombardements atteignent même LE HAVRE et Jean s'inquiète pour sa famille. Mais il a la foi ; pour lui chaque mauvaise nouvelle cache une savante tactique de nos armées. Il pense toujours que les allemands seraient arrêtés par les armées françaises :

 

"Les Boches commencent à sortir de vieux zincs. Il suffit de tenir deux mois et ils seront foutus."

 

     Cette sombre période est pour le caporal MARIDOR, celle d'une terrible crise morale. Les mauvaises nouvelles qui affluent sont dénaturées par les mensonges de la propagande qui laisse subsister des espoirs insensés. Le 13 juin, à la Rochelle, en qualité de major de sa promotion, il se voit affecter un "DEWOITINE D 500", qu'il étrenne aussitôt ; cet évènement ranime toute sa foi en une possible victoire. Il écrit une lettre à ses parents sans savoir qu'aucune illusion ne lui est à présent plus permise :


"J'ai vu des pilotes qui reviennent du front et qui y retournent. Ils m'ont dit que pour un zinc descendu chez nous, il y en a cinq chez les Boches.
D'autre part, il paraît qu'il n'y a rien derrière leurs premières lignes. Toutes leurs troupes sont en avant. C'est pour cela qu'il faut espérer et tenir. Nous les aurons."

 

     Mais il est trop tard. De repli en repli, suivant la débâcle de nos armées, l'école se transporte alors à SAUBRIGUES, dans les LANDES.

 

     Le 18 juin, il reçoit l'ordre de détruire son avion et il lui restera encore à voir le pire :

 

"déferler la horde misérable, avide, dévastatrice et désolée des réfugiés. Sous ses yeux, toute l'impudeur, la crasse, l'appétit, le désordre d'un peuple - le sien - allaient se répandre sur les chemins de la défaite,  civils et militaires mêlés, dévouement et rapine confondus" (1)

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     Pour se venger de sa honte, le caporal MARIDOR désire combattre : son unique refuge, son suprême recours sera la lutte car Jean croyait encore en la France. Sa décision était prise à présent et il envoie cette lettre à ses parents, c'était celle d'un homme qui allait prendre toutes ses responsabilités :


"Mes chers tous,
    C'est avec une infinie tristesse que je vous écris aujourd'hui. Je ne sais pas ce que nous allons devenir, mais j'ai grand espoir que tout n'est pas fini.
    Il faut avoir beaucoup de courage pour regarder la situation en face.
    Je vous quitte en vous embrassant bien fort.

Jean.

P.S. - J'espère continuer la lutte là où nous le pourrons."

 

Le port de Saint JEan de Luz

Saint-Jean-de-Luz

Le port et lieu

d'embarquement des

premiers français partant

pour l'Angleterre

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Stèle à la mémoire des français qui ont rejoint l'Angleterre

Saint-Jean-de-Luz

Stèle à la mémoire des

premiers français partis

pour l'Angleterre

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Les 6 pilotes de la 'Patrouille' à Cardiff en août 1940

"La Patrouille"

Haut de g. à d.:

Leblond-Leon-Béasse

Bas de g. à d. :

Traisnel-Maridor-Le Bian

- Cardiff août 1940 -

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     Avec cinq camarades(Gérard Léon, Roland Leblond, Maurice Traisnel, Claude Béasse et René Le Bian), qui forment avec lui ce qu'eux-mêmes appellent "la patrouille", le 24 juin au matin, ils quittent l'école, à pied, rencontrent un détachement de soldats polonais qui se dirige vers SAINT-JEAN-DE-LUZ où il doit s'embarquer pour l'Angleterre ; les six compagnons décident de faire comme eux, se procurent une voiture américaine laissée à l'abandon, gagnent le port où, dans un premier temps, l'embarquement leur a été refusé. Leurs camarades polonais leur donnent des insignes portant l'aigle impérial qu'ils accrochent sur leur veste et un béret kaki qu'ils coiffent sur leur tête. Ils choisissent ensuite un nom à consonance slave et peuvent enfin, grâce à ce subterfuge, embarquer à bord de l'"ARANDORA STAR" qui quitte peu après, la terre de France.


(1) extrait du livre de Marcel JULLIAN - Jean MARIDOR, chasseur de V1

 

 

Crédit photos :

- Madame Thérèse Maridor

- l'auteur, Jean-Claude Augst

 
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dernière modification effectuée le 20 décembre 2007