Le Colonel Michel HOLLARD

 

"L'homme qui a sauvé Londres"

 

 

 

   

 

 

 

 

 

Colonel Michel HOLLARD    Si les projets de bombardement de Londres par les bombes volantes V1 n'ont jamais atteint l'intensité prévue par les plans des nazis, c'est au courage et à la présence d'esprit d'un homme que nous le devons. Michel Hollard, représentant de commerce et résistant constitue dès 1941 le réseau de renseignements AGIR rattaché au Secret Intelligence Service (S.I.S.), il communiquera un grand nombre de renseignements à Londres sur les forces ennemies en France.

 

    Au cours de l'été 1943, il apprend par un ingénieur des chemins de fer affilié à son réseau de résistance que les allemands effectuent des constructions non conventionnelles en utilisant une très grande quantité de béton dans les environs de Rouen. Ces travaux sont menés dans le plus grand secret.

 

    Il part immédiatement pour cette ville et apprend que ces constructions en béton occupent des centaines de jeunes travailleurs. Afin de découvrir les endroits secrets, il a l'idée de se présenter aux services de la Main-d'Oeuvre de Rouen où il se fait passer pour le représentant d'une Mission Protestante qui souhaite prendre contact avec tous ces jeunes travailleurs. Pour être plus crédible, il sort de sa serviette des bibles et des brochures religieuses. Par cette ruse, il obtient la liste des endroits où sont employés ces jeunes. Le premier sur la liste (qui comporte des noms comme Clères - 76690, Bosc le Hard - 76850, Tôtes - 76890) est la gare d'Auffay - 76720 située sur la ligne Rouen-Dieppe en Seine Maritime.

 

    Il rejoint alors cette gare vêtu d'un bleu de travail. Arrivé sur place il marche dans une direction sur 4 kilomètres mais ne trouve rien. Une deuxième puis une troisième route sur une même distance ne donne rien. La quatrième tentative le mène à un chantier de quelque 400m de côté, situé à 4 km du centre d'Auffay où grouille une véritable fourmilière humaine, avec des bulldozers et diverses autres machines. Le chantier est gardé par des soldats en armes. Afin de déterminer le but de cette construction, il prend une brouette qu'il trouve, traînant là, et entre dans le chantier sans problème, car les sentinelles le prennent pour un ouvrier. Une fois dans les lieux, il interroge les ouvriers pour connaître la nature de la construction. Ceux-ci ne savent pas et certains pensent qu'il s'agit d'un grand garage pour camions. Ces réponses ne satisfont pas Hollard qui entreprend de continuer les recherches. Un autre ouvrier lui montre un contremaître accompagné d'un officier allemand et lui dit que celui-là connaît la réponse. Il attend le moment où le militaire s'éloigne pour aller vers l'homme qui ne semble pas étonné de la question que lui pose Hollard. Il ne sait pas, mais lui dit qu'il y a encore d'autres constructions de ce type dans les environs. Ce qui étonne Hollard, c'est la présence d'une piste en béton de quelque 50m construite avec une inclinaison et avec une très grande précision. Il voit une ficelle bleue du type de celles utilisées par les maçons, qui épouse parfaitement cette piste et qui se prolonge plus loin encore hors du béton. Il pense alors que cette ficelle indique une certaine direction et il a alors l'idée de vérifier la direction à l'aide de sa petite boussole de poche qu'il pose par terre en faisant mine de nouer ses lacets. Il repart comme il est arrivé avec sa brouette au sus et au vue des sentinelles. Arrivé chez lui, il prend une carte et pose la boussole sur l'endroit où se trouve cette piste. En prolongeant la direction donnée, il constate qu'elle aboutit sur la ville de Londres.


    Hollard et quatre de ses camarades prennent alors leurs bicyclettes et effectuent des recherches du Pas-de-Calais jusqu'à Cherbourg. Dans les 3 premières semaines, ils découvrent ainsi plus de 60 constructions. Jusqu'à mi-novembre, se sont plus de 100 chantiers qu'ils pourront ainsi découvrir. Ils se trouvent tous parallèles à la côté sur une longueur de 300 km et une largeur de 50 km. Hollard pourra prouver qu'ils ont tous un point commun : ils sont orientées en direction de Londres.

 

V1 démontés, en phase de transport, dans leur wagon    Vers Noël 1943, accompagné de l'un de ses camarade, il revient à Auffay et entre en contact avec le chef de gare qui lui apprend l'arrivée d'un chargement mystérieux qui est stocké dans les hangars de la sucrerie. Avec audace et ruse, il parvient à pénétrer dans les lieux et découvre les premiers V1 démontés, les ailes rangés le long du fuselage.

 

    Hollard transmet ainsi à Londres une quantité importante de renseignements. Il dresse les schémas des constructions avec leur implantation, et sera à même de décrire minutieusement la bombe volante V1. Il se rend près de cent fois en Suisse, au péril de sa vie, à l'ambassade de Grande Bretagne à Berne, où il remet le fruit de ses découvertes.


    Sur les renseignements transmis par Hollard, la Royal Air Force effectue les premières reconnaissances photographiques dans la dernière semaine de novembre 1943. Elle découvre ainsi 69 sites en Sky après avoir effectué une série de photographies de toute la région côtière du Pas de Calais jusqu'à Cherbourg.


    En décembre 1943, Churchill déclenche l'opération Crossbow (arbalète) qui s'achève en août 1944. Tous les sites seront systématiquement bombardés et détruits. Les allemands, décident alors de les abandonner au profit de rampes démontables qui seront plus difficiles à repérer.

 

    On peut estimer que grâce au travail du Colonel Hollard, le potentiel du V1 a pu être réduit de 80%. Les allemands avaient dressé un plan pour tirer 50.000 V1 sur Londres à partir de décembre 1943. Ce plan était établi comme suit :


- 2 heures avant le lever du soleil, un tir de 300 V1,

- à midi, un tir de 100 V1 puis au courant de l'après midi, 2 à 3 tirs toutes les heures,

- le soir, un tir nourri de V1 en guise de couvre-feu.

 

    Finalement, ils ne tireront "que" 8.564 V1 sur Londres du 13 juin au 31 août 1944.

 

    Michel Hollard est né le 10 juillet 1897 à Epinay (27330). Marié le 21 avril 1922 avec Yvonne Gounelle, le couple a eu trois enfants. Il décède le 16 juillet 1993 et sera inhumé au cimetière de Gornies (34190) dans le département de l'Hérault.

 

    Il est arrêté par la Gestapo à Paris en février 1944 alors qu'il était avec deux de ses camarades. Emprisonné à Fresnes il sera torturé puis condamné à mort et déporté au camp de concentration de Neuengamme. Avec l'arrivée des troupes alliées, les nazis décident de mettre les détenus sur un bateau qu'ils sabordent en baie de Lubeck. Il sera cependant sauvé, ainsi que quelques camarades, grâce au Prince Bernadotte qui a envoyé une vedette sur les lieux suite aux informations qu'il a obtenu par les services de l'Intelligence Britannique.

 

    Il obtiendra les distinctions suivantes :

 

- Commandeur de l'Ordre de la Légion d'Honneur

- Rosette de la Résistance

- Croix de Guerre 14-18

- Croix de Guerre 39-45

- Distinguished Service Order (D.S.O.)

 


 

Sources : Extrait de son interview - divers

Site internet : http://www.michel-hollard.com/

Aller au haut de la page