introduction

les ailes

 

   En 1966, alors que je fis mes premiers pas dans le monde des avions, je découvrais l'histoire de ce héros, oublié de l'histoire, à travers le très beau livre de Marcel Jullian, "Jean MARIDOR, chasseur de V1".

   Bien des années durant, je me demandais comment sortir ce glorieux pilote français de l'anonymat dans lequel il était plongé bien injustement, alors que d'autres étaient parvenus à la célébrité. Aujourd'hui et avec nos moyens actuels, le moment est venu de parler de lui et de le faire connaître à travers la toile internet et par là-même au monde entier.

   Ce n'est que rendre justice à un homme qui a refusé, comme tant d'autres, l'occupation Allemande de la France, mais qui a livré son combat en solitaire aux commandes de son SPITFIRE dans les rangs britanniques auprès de la Royal Air Force, bien qu'il fit partie des Forces Aériennes Françaises Libres, jusqu'à son ultime mission durant laquelle la mort était au rendez-vous en ce début d'après-midi du 3 août 1944, lors de l'attaque de sa 7ème bombe volante : celle-ci se mit à piquer sur l'emplacement d'un important hôpital britannique et d'une école et, sans hésiter, ce héros donna sa vie pour en sauver des centaines d'autres en se jetant littéralement sur l'engin de mort qu'il tira à une si faible distance que son avion explosa avec la bombe.

   Jean devait se marier quelques jours plus tard avec sa fiancée, Mlle Jean LAMBOURN. Il n'avait même pas eu la chance de poser ses pieds sur la terre de France pour laquelle il avait tant combattu et sur laquelle les alliés venaient de débarquer en Normandie quelques semaines plus tôt.

   Il n'avait même pas 24 ans...

   Son glorieux palmarès est éloquent :

 

- 3 1/2 victoires homologuées (1/2 avec lieutenant de vaisseau Philippe De Scitivaux),
- 2 victoires probables,
- 3 avions endommagés,
- 20 navires détruits ou endommagés,
- 5 1/2 bombes volantes abattues (1/2 partagé avec un Tempest du 3 Squadron, 1/2 avec un Tempest du 486 Squadron et 1/2 avec un Mustang du 316 Squadron),
- de nombreux objectifs détruits au sol.
(une centaine de véhicules, locomotive, gazomètre, batteries de D.C.A. etc...)

 

Relevé des services aériens :

434 missions réparties comme suit :

235 missions défensives et 199 missions offensives

418h30 de vols de guerre


   Pour tous ces faits d'armes, Jean MARIDOR avait été décoré à plusieurs reprises des plus hautes distinctions françaises et britanniques et fit l'objet de nombreuses citations que nous découvrirons dans le chapitre des distinctions. D'après "LE HAVRE LIBRE" du 13 octobre 1944 et Marcel JULLIAN dans son livre "Jean MARIDOR, chasseur de V1", Jean MARIDOR aurait été proposé pour la "VICTORIA CROSS". Cependant, une telle proposition n'a jamais pu être retrouvée et parait peu probable. De plus, il n'y eu aucune suite concrète. Il avait même été désigné par le commandant anglais pour commander un groupe du Squadron 91, honneur particulièrement rare pour un français.

   En 1945, le Général Martial Valin dit de lui :
                            "Ce fut le Guynemer de cette guerre".

   Après la guerre, un grand nombre de récits de combats furent publiés et même mis en images. Celui de Jean jamais, il était déjà tombé dans l'oubli. Son nom n'est cité par aucun dictionnaire, aucune encyclopédie.

   L'armée de l'Air ne l'a toutefois pas oubliée, quelques rares villes non plus. Ainsi :

- La promotion 1954 de l'Ecole Militaire de l'Air de SALON DE PROVENCE (13) a pris le nom de :"Promotion Jean MARIDOR",

- Le 6ème Escadron de Contrôle et de Standardisation - BA 705 à Tours (37) - porte le nom de Jean MARIDOR,

- Jean MARIDOR a donné son nom au quartier de Gendarmerie de MONT-DE-MARSAN (40)
- Une rue de Salon de Provence (13),  de MERIGNAC (33), d'ANGERS (49), de PARIS (75), de Grand Quevilly (76120) et du HAVRE (76) porte le nom de Jean MARIDOR et plus étonnant, une rue d'un faubourg du nord de Berlin (RFA), Reinickendorf, porte également son nom.

- Le 19 mai 1946, sur l'initiation de M. Félicien Pothier, président et fondateur de l'aéroclub Jean Maridor de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis - 93190), le conseil municipal de cette ville a donné le nom de "Allée Jean MARIDOR" à une rue. A cette occasion, un défilé dans toute l'agglomération a eu lieu en présence de l'Air Commodore Walker, du capitaine Simon de l'Ambassade Britannique, du Général Domino, Commandant la deuxième région aérienne, et de toutes les personnalités du monde de l'aéronautique. Les parents Maridor étaient présents ainsi que leur fille Thérèse et de la fiancée de Jean Maridor, Madame Jean Lambourn. Une exposition a été organisée au siège de l'aéroclub durant la semaine avec des objets ayant appartenu à Jean Maridor.

- Le 31 octobre 1955, le conseil municipal d'Evreux (Eure, 27), a donné le nom de "Rue MARIDOR" à une voie nouvelle dans un quartier pavillonnaire créé après la guerre à l'emplacement de propriétés détruites par les bombardements alliés de juin 1944 (secteurs de la gare et de la Madeleine) - selon les sources de M. J.P. Raux et de son article paru le 10 avril 2008 dans la "Dépêche d'Evreux", dans le cadre de la rubrique hebdomadaire : "A travers les rues d'Evreux".  Article de Monsieur Jean-Pierre Raux  La rue Jean Maridor à Evreux
- Une école, l'aéro-club et le mess des officiers du HAVRE (76) portent le nom de Jean MARIDOR.

- Une école à ROUEN (76) porte son nom.

 

   A l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Jean MARIDOR, une plaque commémorative a été apposée le 11 septembre 1994 sur l'église de BENENDEN dans le KENT, lieu ou ce valeureux pilote s'est sacrifié, en présence de la famille, des personnalités officielles et des anciens du 91ème squadron. L'organisation de la cérémonie a été faite par Jean, qui n'a jamais oublié son fiancé d'alors.

Le mémorial à Benenden en hommage à Jean MARIDOR

"En mémoire du capitaine Jean P. E. Maridor (Français libre)
Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, croix de guerre avec palmes, D.F.C., croix de guerre tchécoslovaque, 91ème squadron RAF, tué en détruisant une bombe volante, en sauvant beaucoup de vies dans l'hôpital militaire de temps de guerre à benenden l'école le 3 août 1944."

 

 

   Pour conclure ce chapitre, je reprendrais simplement les mots de Marcel Jullian :
"Jean Maridor est un des rares héros qui n'appartiennent ni à un parti ni à une idéologie. A personne d'autre qu'à la France.
Au plus fort du combat, son désir forcené de victoire ne s'est jamais départi d'un respect profond et exigeant pour la terre de son pays. Il ne dépend d'aucun clan. Il est étranger à toute haine."

   Nous allons essayer de le faire revivre à présent, au fil de quelques pages, et découvrir le monde dans lequel il vivait, dans lequel et au bord duquel il évoluait ...

 

dernière modification effectuée le 27 mars 2016

 
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