Le Fieseler FI 103 - V1

 

 

Le Fieseler V1    Peenemünde   Dora   Val Ygot   Brécourt   Eperlecques


L'usine souterraine de THIL
 

 

Un très grand merci aux services de la Mairie de THIL (54880) pour l'aide précieuse qu'elle a bien voulu m'apporter

 


 

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   Située à la frontière luxembourgeoise dans le département de la Meurthe et Moselle, sur le banc de la commune de THIL près d'AUDUN LE TICHE, on ne sait pas grand-chose sur ce camp et cette usine enfouie à plus de 100m sous terre, dont l'histoire et la mémoire n'a pas retenu les dramatiques événements qui s'y sont produits. C'était la seule usine de fabrication de "V1" installée sur le territoire français non annexé.

    Après les bombardements du site du centre de recherche de PEENEMUNDE, la mine de fer du Tiercelet, fut affectée à la firme "VOLKSWAGEN" dès le mois d'août 1943. Celle-ci allait y installer la Société "MINETTE GmbH". Il existait pour cette Société, outre le service finition, un service "fabrication" - un "service de montage" - un "atelier de presses" et un "atelier fin montage", pour les "V.1." - "JU 88" - et chasseurs "Ta.154". Le 4 mars 1944, PORSCHE, le directeur de "VOLKSWAGEN", qui avait un besoin urgent de main d'oeuvre, intervient personnellement auprès de HIMMLER pour lui demander 3.500 travailleurs.

    Les travaux de mise en conditionnement du site, d'une superficie de 200.000 m²,  étaient placés sous la surveillance de l'"Organisation TODT" de PARIS. 7 grands transports de machines-outils et de divers matériels seront acheminés de FALLERSLEBEN à THIL. Fin juin, 3 convois seront ramenées de la région parisienne et quelques autres de PEUGEOT à MONTBELLIARD.

 

Socle en béton d'un bâtiment avec la crypte en perspective (photo numérique JC Augst)

Sur ces pâturages se trouvait l'emplacement du camp (photo numérique JC Augst)

Socle en béton d'un bâtiment

avec la crypte en perspective

Sur ces pâturages se trouvait

l'emplacement du camp

 

    La main-d'oeuvre était constituée par les jeunes travailleurs du "STO", des prisonniers de guerre sénégalais, magrébiens, italiens etc... que les allemands avaient fait prisonniers. Vinrent ensuite les déportés les plus défavorisés, d'origine juive pour la plupart, russes, hongrois, roumains, yougoslaves etc... Les premiers arrivèrent dès le mois d'avril 1944 entassés dans des wagons. Ils convoyaient leurs baraquements constitués de grands panneaux mobiles qu'ils devaient décharger, glisser sur la pente et assembler en toute hâte sous le harcèlement, la torture, les injures et les coups des "SS". D'autres arriveront encore du camp de concentration du "STRUTHOF" situé dans le département du BAS-RHIN, sur le territoire de la commune de NATZWILLER près de SCHIRMECK.  Ainsi, le 12 août, on prévoyait d'accueillir quelques 10.000 travailleurs. Mais un rapport du chef de camp, le "SS" BÜTTNER mentionne un effectif de 859 personnes. Selon un document cité au procès de NUREMBERG, l'ensemble de l'usine aurait bénéficié depuis début 1944, de 3500 détenus. Un autre chiffre avancé à ce procès fait état de 2844 détenus dont on a plus aucune trace. Selon certaines sources, il est possible qu'un très grand nombre de détenus auraient pu séjourner en permanence dans les galeries de l'usine, comme cela c'est fait dans les autres usines de ce type.

    Pour se rendre du camp à l'usine et inversement, les détenus en costumes rayés devaient se charger d'une grosse pierre. Le lever avait lieu à 4 heures du matin. Ils quittaient leurs baraquements au pas de gymnastique, pour se rendre à l'appel où ils étaient comptés puis recomptés sous les coups des "SS". Leur maigre repas était constitué d'un breuvage tiède sans goût ni saveur le matin, et d'une soupe sans graisse le midi et le soir. Il leur était strictement interdit d'accepter quoi que ce soit. Outre les "SS", ils étaient surveillés par les "KAPOS" qui étaient bien souvent des détenus de droit commun qui n'avaient pas fini de purger leur peine et qui apportaient eux aussi leur triste contribution à la terreur. A ce régime là, la liste des morts allait bien vite s'allonger, de sorte que l'on brûlait les cadavres sur place, dans le four crématoire originaire des abattoirs de VILLERUPT. Une fumée noire fétide flottait au-dessus de THIL. Les conditions des détenus étaient les mêmes qu'au sinistre camp de DORA.

    Le camp de concentration, dénommé "CAMP DE TRAVAIL ERZ", qui a fonctionné durant 6 mois, dans l'ignorance totale des alliés, était érigé sur les prés en bordure du village, et était protégé des regards indiscrets par des écrans et des obstacles naturels.

    L'usine devait produire des "V1" , des éléments pour les "JU88", mais aussi des cellules de l'avion de chasse, le "FOCKE WOLF 154". Elle devait utiliser 2000 ouvriers par tournée et sur trois postes. Elle n'a cependant jamais pu produire ces armes car, au moment ou elle aurait pu démarrer sa production, les américains n'étaient plus qu'à quelques kilomètres. Elle a été évacuée du 1er au 3 septembre 1944. Les nazis ont emmené ce qu'ils pouvaient laissant toutefois sur place des machines outils et des pièces de production diverses, et exécutant au passage de nombreux détenus, ceux qui étaient originaires de PEENEMÜNDE et tous les juifs, dont ils laissent les cadavres sur place. Les autres étaient envoyés soit à BUCHENWALD ou à DORA, ou dans l'ancienne mine d'asphalte à HOLZMINDEN sur la WESER qui reçut le nom de "HECHT", ou s'installait à présent la société "MINETTE GmbH". Il était prévu de faire sauter l'usine avec 500kg de poudre, mais apparemment, rien ne se produira. Les américains, à leur arrivée, raflèrent les quelques documents laissés par les allemands et la population qui ne possédait pas grand-chose en ces temps difficiles, récupéra tous les matériaux qu'elle pouvait, tel le bois qui pouvait leur servir de chauffage.

 

un soldat américan inspecte les éléments de V1 laissés à Thil

un soldat américain inspecte les machines outils

 

    Aujourd'hui, il ne subsiste plus grand chose de ce dramatique passé. La nature a repris ses droits ainsi, dans les prés qui abritaient jadis les baraquements, paissent tranquillement les vaches. En face, sur un promontoire à quelques mètres du nouveau cimetière, domine la crypte qui fut inaugurée le 17 novembre 1946 et qui renferme le four crématoire et une maquette du camp. Le seul vestige de ce camp que le visiteur pourra encore voir, c'est le socle en béton d'un bâtiment qui, avec la crypte en perspective, indique l'emplacement des baraquements.

    L'usine, dont l'entrée est murée, est située en plein village dans la cour d'un garage. D'après la Mairie, les galeries seraient remplies d'eau. Pour ma part, je me suis rendu un dimanche sur les lieux pour rapporter quelques photos à insérer dans mon site. J'ai du chercher longuement les différents endroits et je n'ai pas vu de panneaux indicateurs sauf près du nouveau cimetière. Les passants que j'ai interrogé ignoraient tout de cette histoire. Finalement, une dame d'un certain âge a enfin pu m'indiquer où se trouvait le camp et l'usine. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de visiter la crypte car elle est fermée. Pour les visites il faut s'adresser à la Mairie du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 17h30.

 

L'entrée murée de la mine du Tiercelet (photo numérique JC Augst)

La crypte (photo numérique JC Augst) La maquette du camp de Thil exposée dans la crypte

Entrée murée du tunnel qui

mène à l'usine souterraine

La crypte

Maquette du camp

 

 

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