FIESELER Fi 103 - Vergeltungswaffe V1
V1 du Blokhaus d'Eperlecques (62910)
N'ayant pu venir à bout de l'Angleterre et des alliés, Hitler ordonne le développement des "Vergeltungswaffe" (armes de vengeance) plus connues sous le nom de bombes volantes "V1", les fusées "V2" et les canons "V3" et bien d'autres types de missiles. |
Mais la mise en oeuvre de cette bombe nécessite de gros moyens tels des rampes de lancement longues de 40 mètres à un angle de 18°, ou le réglage du pilote automatique (gyroscope) qui nécessite la construction d'un bâtiment amagnétique vierge de toute ferraille. Elle est lancée par une catapulte qui lui confère une vitesse suffisante pour le pulsoréacteur qui la maintient ensuite en vol. Plus tard, on mettra en oeuvre des sites dits légers qui seront mieux camouflés, donc plus difficilement repérables.
Cette catapulte, insérée dans le tube de la rampe est propulsée par un canon à vapeur appelé "Dampferseuger" (on peut en voir un dans le musée de Duxford) verrouillé sur l'arrière de la rampe. La montée en pression était obtenue par l'introduction simultanée dans le canon à vapeur d'une solution de permanganate de calcium et d'eau oxygénée concentrée à 400 volumes ou "perhydrol". En réagissant l'un sur l'autre, ces deux éléments produisent un grand dégagement de chaleur qui vaporise l'eau contenue dans les deux solutions mais surchauffe également la vapeur ainsi obtenue. Cinquante litres de mélange suffisent pour obtenir une pression de 12kg/cm2 à l'intérieur du tube. Un boulon de cisaillement maintient le chariot en place durant la montée en pression. Lorsque celle-ci est suffisante pour arracher le boulon, une forte explosion retentit. Le piston et le chariot sont alors projetés à plus de 200m, tandis que la V1 dont le propulseur a été mis en marche par un chauffage préalable de la tuyère, est catapulté à une vitesse de l'ordre de 250 km/h. Ce préchauffage se comporte telle une lampe à souder. Lorsque la température atteint 80°, la V1 devait être lancée et la tuyère se mettre en route au moment de quitter la rampe. Toutefois, si la température n'aurait été que de 70° au moment du lancement, la tuyère n'avait aucune chance de démarrer, condamnant l'engin à s'écraser plus loin. A 90°, elle avait de grandes chances d'exploser. Le mécanisme de mise en service de la charge explosive était réglé pour la mettre en route à l'approche des côtes anglaises. Une petite hélice située sur le nez et appelée "Loch" est reliée à un compte-tours. Le nombre de rotations est déterminé à l'avance en fonction de la distance à parcourir. Arrivé sur la cible, le compte-tours ferme le robinet d'arrivée d'essence et deux petites charges explosives logées à l'arrière explosent, ce qui a pour conséquence de mettre les gouvernes de profondeur dans la position basse, ce qui positionne le V1 en piqué vers la cible puis c'est l'explosion sous l'impulsion d'un percuteur placé dans l'axe de l'hélice. Un autre percuteur situé sur la partie inférieure du nez assure également l'explosion de l'engin en cas d'atterrissage sur le ventre.
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Le système de propulsion est très simple. Un système de grille à clapets placé à l'entrée de la tuyère est le "nerf" de ce pulso-réacteur. Il comporte des injecteurs qui pulvérisent dans la chambre de combustion de l'essence. Le mélange air et essence est enflammé par l'étincelle d'une bougie ce qui produit une explosion qui ferme les clapets. Il en résulte une poussée de 335 kg. Lorsque la pression est retombée, les clapets se rouvrent laissant passer l'air et une autre cycle recommence. L'ouverture et la fermeture des clapets se produit environ 47 fois par seconde. Mais ce système ne pouvait fonctionner qu'en vol, en utilisant la vitesse de déplacement dans l'air, ce qui nécessitait l'utilisation d'une rampe de lancement. Elle est surnommée "BUZZ BOMB" (bombe bourdonnante) ou "DOODLE BUG" à cause du bruit caractéristique que fait son pulsoréacteur.
Les commandes sont actionnées par le gyroscope, lui-même en liaison avec un compas magnétique. Le système fonctionne avec de l'air comprimé contenu dans deux ballons de caoutchouc entourés de fils d'acier, d'un diamètre de 0,60m, pour résister à une pression de 150kg. Un ballon est utilisé pour les gouvernes et l'autre pour assurer l'injection de l'essence. La partie électrique est assurée par deux batteries. Une de 30 volts et une de 1188 volts. Cette dernière est composée de 792 piles de 1,5 V. Certaines bombes emmenaient également un poste émetteur qui permettait de la suivre par des stations au sol qui pouvaient décider de corriger sa trajectoire. Il faut encore noter qu'un peu plus tard, les allemands avaient mis en place des couteaux sur le bord d'attaque des ailes, destinés à cisailler les cordes des ballons disposés par les anglais pour la protection de leurs villes.
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La V1 a été construite en quatre versions différentes :
- FI 103 A1 : version standard, - FI 103 A2 : version modifiée de la A1 mais avec un pulso-réacteur lui conférant une vitesse de l'ordre de 800 km/h, - FI 103 B1 : construite avec un pulso réacteur Porsche 109 005, resté à l'état de projet, - FI 103 A1 RE1 : cette version a été mise au point fin 1944 début 1945 pour être tirée sur la Hollande. Le rayon d'action était porté à 300 km par l'adjonction d'un réservoir d'essence plus grand, au détriment de la charge explosive qui elle, diminuait. - Reichenberg RE I et RE II : monoplace sans moteur, remorqués comme des planeurs - Reichenberg RE III : bi-place, avec pulso-réacteur, prévu pour l'entraînement - Reichenberg RE IV : monoplace, avec pulso-réacteur. C'est cette version qui devait être opérationnelle. Elle sera construite à plus de 175 exemplaires, qui ne seront cependant jamais mis en service. |
LES CARACTERISTIQUES DE LA FIESELER Fi-103 - V1
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Pulsoréacteur :
Longueur :
Altitude
d'emploi :
Diamètre : |
ARGUS SCHMIDT 109-014
3,20 m
0.82 m |
Sources : Historisch - Technisches Informationszentrum Peenemünde
- Bibliographie -
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"L'Enfer des V1 en Seine Maritime" de Norbert Dufour et Christian Doré
- "Les sites V1 en Flandres et en Artois" de
Laurent Bailleul
- "Constructions spéciales de Roland" Hautefeuille
- "Armes secrètes et ouvrages mystérieux" de Myrone N. Cuich
- "Mission sans retour" de Myrone N. Cuich
- "Bases secrètes en Haute-Normandie" de Roger Capron
- "La chasse aux armes secrètes allemandes" de James Mc Govern
- "L'arme secrète de Peenemünde" de Walter Dornberger
- Sources diverses