Charles INGOLD

 

Médaille de la Résistance française

Citation à l'ordre de l'Armée :

 

 

INGOLD, Sous-Lieutenant, dit "MAGD"

Jeune pilote de chasse, ardent et consciencieux, inspiré par une grande tradition familiale, il avait courageusement rejoint les F.F.L. et participé aux opérations de ralliement de l'Afrique Française Libre. Tombé au cours d'un vol d'entraînement le 15 décembre 1941, il est mort pour la Libération de la France.

 

                                                                                                         Le général VALIN, F.F.L.

 

 

 

   

 

   Né à Colmar le 6 juillet 1921, il est le premier enfant de son père, François, qui aura une brillante carrière dans l'armée française qu'il achèvera au grade de général et durant laquelle il sera l'adjoint du colonel LECLERC. Très tôt, la petite famille suivra le père au gré de ses affectations dans les "colonies" mais également en France. Mais il poursuivra tout de même ses études à Colmar. Il excelle en latin et en français et possède un goût prononcé pour les langues vivantes tout en s'intéressant à l'histoire et la géographie. Il pratique le scoutisme et s'intéresse à l'aviation. Il fait d'ailleurs un jour une conférence à ses camarades sur ce sujet. Dans sa chambre, une photo d'Hélène BOUCHER est accrochée en bonne place sur l'un des murs.

    Profondément patriote, il n'oubliera pas, plus tard, que certains de ses professeurs étaient animés par un sentiment d'autonomisme qui soufflait alors sur l'Alsace. Ainsi, il écrira au Supérieur du Collège de Colmar :

    "Quand je serai tué, je vous interdis de mettre mon nom sur les plaques commémoratives que vous érigerez pour les anciens"

    Il commence par confectionner des avions en papier qu'il regarde voler passionnément puis effectue son premier baptême de l'air à l'issu duquel il écrit :

"j'étais oiseau et me revoilà terrien"

    Sa vocation est à présent fermement dirigée vers l'aviation et il se demande s'il sera pilote de ligne ou pilote d'essai. En 1936, avec la disparition de MERMOZ dans l'Atlantique Sud, il décide d'apprendre à piloter et se destine à entrer à l'Ecole de l'Air. Il gardera toujours en mémoire les récits de l'un de ses oncles, aviateur durant la guerre de 1914-1918, qu'il écoutait avec émerveillement lui conter ses aventures. Il est particulièrement marqué par les duels nobles et courtois de ces pilotes. Ainsi, en 1938, alors que la guerre devenait imminente, il dit :

"Je ne la ferai que dans l'aviation, car de tous les combats, c'est le plus chevaleresque."

    Lorsqu'il apprend l'annexion de l'Autriche, pays où il passait régulièrement ses vacances avec sa famille, il décide de se présenter à l'Ecole de l'Air, mais sans succès. Il s'engage alors, à 18 ans, dans l'Armée de l'Air. Il arrive à Tours le 1er septembre 1939 puis, le 15 septembre, à l'Ecole de Pilotage d'Angers située à Avrillé où il fera partie de la "Promotion Z". Le 18 janvier 1940, il passe son brevet par un vent qui souffle en rafales. A l'atterrissage, alors qu'il rencontre des ennuis de moteur qui lui empêchent de remettre les gaz, il percute une barrière et s'en sort légèrement blessé au visage. Alors que le médecin veut le garder huit jours en observation, il s'échappe et rejoint ses camarades au réfectoire. Il repasse les mêmes épreuves le lendemain et réussit son brevet. Classé huitième, il est nommé caporal et il est affecté à l'école de chasse d'Etampes.

    Avec l'avancée des troupes allemandes, l'école est déplacée à plusieurs reprises et arrive le 20 juin à Saubrigues dans les Landes où les habitants traitent les jeunes pilotes de lâches ; un comble pour ces jeunes qui ne demande qu'à se battre. Le lendemain, il rejoint alors Bayonne avec ses camarades DE LA POYPE, STANHOPE, REVEILHAC et LAURENT et empruntent des avions pour aller à Cazaux où ils pensent trouver des avions de chasse pour combattre l'ennemi. Arrivés sur place, il n'y a plus d'avions. Découragés, ils retournent à Bayonne où ils décident de rentrer au cantonnement après une absence de 36 heures. Cependant, DE LA POYPE apprend qu'en se déguisant en Polonais, ils pourront peut-être embarquer pour l'Angleterre. Le 22 juin, ils prennent contact avec des officiers polonais dans l'arrière boutique d'une pâtisserie de Saint Jean de Luz. Ces officiers sont décidés de les aider et se chargent de les travestir. Ils sont alors déguisés en fantassin polonais avec une grande capote et un béret à l'insigne de Pologne. Charles s'appelle à présent "INGOLDSKI" et le petit groupe s'embarque sur l'"ETTRICK" qui quitte la France le 24 juin 1940 et arrive à Plymouth le 26 juin.

    Ils sont conduit au camp de Saint-Athan où ils attendent leur départ pour Cardiff. Le 2 juillet, un envoyé du général de GAULLE promet aux pilotes qu'ils pourront bientôt se battre. Il est même prévu de les envoyer au Canada. Le 5 juillet il apprend qu'il est nommé sergent. Mais deux jours plus tard, Charles est atterré en apprenant que l'Alsace et la Lorraine sont annexés. Le 8 juillet, il arrive à Cardiff. Le 5 août, il apprend par la radio que les français déclarés rebelles ont 15 jours pour regagner la France. Passé ce délai, ils seront tous condamnés à mort. Il dit :

"Zéro pour la question".

    Les jours passent ainsi entre les alertes et les bombardements et toujours aucune affectation. Il apprend que quelques français vont faire un débarquement à Dakar. Il fait sa demande pour y participer. Celle-ci est acceptée le 19 août, tout comme celle de ses camarades REVEILHAC, STANHOPE, LAURENT Yves et Pierre, et de la POYPE. Il part pour Dakar le 31 août où les troupes arrivent le 22 septembre. Devant la résistance de cette ville, le général de GAULLE retire ses troupe et les envoie à Freetown. De là les troupes repartent sur Douala. N'ayant toujours pas d'affectation comme pilote, il envisage de partir aux Etats-Unis dans l'escadrille Lafayette. En attendant, il participe aux opérations qui amènent le ralliement de Libreville et du Gabon. Il s'agit de débarquer et d'assembler le matériel constitué principalement d'avions, qui est contenu dans des caisses de 2 tonnes. Il aura également l'occasion de retrouver son père à Fort Archambault. Ce dernier a pris une part décisive au ralliement de la ville à la cause de la France Libre. Le 28 novembre il embarque pour l'Angleterre.

    L'attente sera encore très longue pour Charles, car il n'y a pas encore de place à l'Ecole de pilotage d'Odiham. Le 29 janvier 1941, il écrit au général de GAULLE afin qu'il puisse enfin combattre. Il envisage même de s'engager dans les parachutistes mais finalement, il part le 8 février pour Odiham où il retrouve ses camarades de la "Promotion Z" dont MARIDOR qui quittera l'école le 28 février pour aller à l'école de Tern Hill.

    Le 26 juin, Charles rejoint l'école de Tern Hill pour terminer son instruction. Les journées sont très chargées avec le lever à 5 heures et le coucher à 22 heures. Il quitte Tern Hill fin octobre et arrive à Llandow pour faire son école du feu. Il écrit :

    "Ici, le baraquement, le confort = zéro, tout = zéro, mais il y a une chose, il y a un Spitfire qui dort sur la piste et sur lequel je vais voler demain. Nous sommes ici pour faire notre école à feu. Je vais être nommé ces jours-ci sous-lieutenant. Dans un mois et demi, le Squadron, les Sweeps sur la France et peut-être ... le costume en planches ...Le jeu en vaut la chandelle. Pour Christmas, je serai en escadrille. Ce sera mon plus beau cadeau de Noël."

    Commence alors pour Charles un entraînement bref mais très difficile sur "Spit". La prise en main de l'appareil est longue d'autant plus que les performances sont grandes. Suivent ensuite les vols de combats où l'élève suit le moniteur dans des simulations d'attaques. Au retour, la critique est dure.

    Charles obtient de très bonnes notes de pilotage. Il est finalement affecté au le 12ème groupe le 17 décembre 1941 pour faire des "Sweeps" au-dessus de la France. Mais le sort en avait décidé autrement. Le 15 décembre, au cours d'un dernier vol d'entraînement il est victime d'une panne de moteur et se tue à l'atterrissage. Alors qu'il aurait pu sauter en parachute, il tient à ramener son avion se souvenant sans doute des deux règles fixées aux pilotes :

    - Article 1 : Vous n'avez pas le droit de vous tuer.

    - Article 2 : Il est interdit de casser un avion.

 

    L'avion touche l'herbe et glisse trop vite vers une haie qu'il ne peut éviter et rebondit sur le pré. Le sort lui a imposé le plus grand des sacrifices : mourir sans sans avoir combattu... Il a également privé les Forces Aériennes Françaises Libres d'un de ses meilleurs et plus brillants espoirs.

 

    Il repose à présent dans le cimetière de Broockwood, au milieu de ses camarades français tombés sur le sol britannique.

 

    Quand à ses camarades de la "Promotion Z" ils sauront prendre sa relève et honorer sa mémoire ...

 

 

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QUELQUES PENSEES EXTRAITES DE SON TESTAMENT

 

Si tel est mon destin de mourir, je suis content de faire le sacrifice de ma vie pour celle de ma famille, de la Lorraine et de la France.

 

Personnellement, j'aime mieux être tué à 20 ans après quelques mois de travail et d'action que de végéter comme tant de gens. Peu importe la longueur de la vie pourvu qu'elle soit fait d'action et surtout qu'elle soit droite.

 

Je serai heureux de mourir dans ce combat que j'ai choisi, si le sacrifice de ma vie peut être utile aux miens, au salut de la France, à la civilisation chrétienne.

 

Je demande au futur Maire de la ville de Gérardmer d'être un enfant adoptif de la ville et d'être inscrit comme un de ses vrais enfants au seul monument de Gérardmer.

 

Bibliographie :

UN MATIN BIEN REMPLI de Gérard INGOLD

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© Jean MARIDOR – Jean-Claude AUGST