Pièce de théâtre

 

Pilotes de l'école  Pilotes Promo. Z  Liste encadrants  L'école aujourd'hui

 

 

 

 

- En hommage à Monsieur Raphaël Lombaert  Cliquer pour lire la biographie, qui s'est éteint le 8 mai 2003, qui avait bien voulu apporter sa sympathique et efficace collaboration à la réalisation de cet article et en m'autorisant à utiliser ses documents et ses photos.

- Un merci très amical à Bertrand Hugot

et  à Madame Nathalie Fagnou directrice du Musée du Normandie-Niemen aux Andélys (27700)

- Merci également à la Mairie d'Avrillé (49240)

 

   Composée d'élèves issus pour la plupart de l'Aviation Populaire et de candidats militaires de l'Armée de l'air, cette promotion a apporté au prestige et à la gloire des ailes françaises de grands noms comme Jean Maridor, Roland de la Poype, Michel Boudier etc ...

 

 

André DUPONT Julien MALARDE Pas de précision Georges CAVENNE Roland DE LA POYPE Henri ALFONSI Maurice MESSAGER Michel LEVASSEUR Richard BASSINI Gaston DANIELO Jean-Pierre MORIN Jean BOLO Pas de précision Charles STANHOPE-AUBREY Georges LEFANT Jean REVEILHAC Raphaël LOMBAERT Christian GUERIN Pas de Précision Pas de Précision Michel BOUDIER Pierre LAURENT Maurice MAILFERT Paul LEMARIE André DEVAUX Pas de Précision Henri LEPAGE Pas de Précision Pas de Précision Antonio CASTELLANA Ignace CHASSIN DE KERGOMMEAU Chauffeur Chauffeur Gilbert Jacques LEPEL-COINTET Jean BUIRON Pas de Précision Alcide FAUGEROUX Pas de précision Jean MARIDOR Jean DE GISORS Yves LAURENT Pas de précision Charles INGOLD Albert MOINE Paul GUTTIN Henri ARASSUS ??? STENHAC Michel D'ARGOUGES Frédéric LATAILLADE Louis WACRENIER Louis BOUDON Erwin BRINGEL Pas de précision Raymond LEFEUVRE Lucien RAYNAL Bernard SAINT-MLEUX Robert COMMERCON Claude LEHMANN Jacques GUIGNARD Les élèves de la Promotion Z

N.B. : Il n'y a pas de biographie des ces pilotes en place à l'heure actuelle. Par ailleurs, il n'a pas été possible de reconnaître certains d'entre eux sur la photo.

 

 

 

 

 

   Tout d'abord regroupés à Tours début septembre 1939, alors que la mobilisation générale est décrétée, les élèves pilotes sont hébergés dans des granges dans lesquelles ils dorment sur des paillasses entourés des animaux de la ferme, ils rejoignent ensuite mi-septembre l'Ecole Civile de Pilotage d'Angers de la Compagnie Française d'Aviation, située sur les bans de la commune d'Avrillé. Le bâtiment blanc les accueille alors que la France s'enfonce tout doucement dans la guerre. 

   Leurs longues journées se composent le matin : d'une heure et demie de culture physique, 1 heure d'enseignement militaire, 1 heure d'enseignement technique et l'après-midi est également aussi chargé. Dans une lettre à ses parents du 13 octobre 1939, Jean Maridor écrit :

 

              "Il est dommage que nous ayons la préparation militaire aussi stricte car autrement la vie serait belle malgré le travail"

 

    Et le 18 octobre :

 

              "Nous sommes abrutis par les cours"

 

    Ils peuvent néanmoins goûter à la joie du pilotage en effectuant plusieurs tours au-dessus de l'aérodrome en Morane 191 ou 230. C'est lors de l'un de ses vols que Jean a occasionné une grande frayeur à ses camarades. Alors qu'il décolle avec son "Morane 191" et que l'avion passe au-dessus de ses camarades qui étaient restés au sol, il n'y avait plus personne à bord. L'explication était simple. Caché de leur vue par le fuselage de l'avion, Jean venait de passer de la place arrière à la place avant en se faufilant sur le marche pied de l'avion, entre les haubans de l'appareil. Et comme il n'était pas très grand, personne n'a pu le voir et de ce fait, l'avion paraissait vide de tout occupant.

 

   Alors que la France est encore plongée dans la "Drôle de Guerre", les élèves qui sont tout à fait conscient que leur Patrie est en péril se préparent lentement à leur brevet de pilote. Ainsi, le 16 février 1940, Jean Maridor, Raphaël Lombaert Cliquer pour lire la biographie et Roland de la Poype sont tous les trois classés ex aequo à la première position avec le "titre" de Major de la promotion. Dans sa lettre du 24 février 1940, Jean ne parle toutefois pas des deux camarades ex aecquo (ni dans les suivantes), et dit ceci :

 

 "J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai 17,5 de note de pilotage et celui qui me suit n'à que 16"

 

    Et dans celle du 25 février :

 

"C'est moi qui suit premier de la promotion septembre 1939. Ce matin on nous a donné notre moyenne générale et notre classement général j'ai 16,55 et je suis premier ..."

 

Macaron du Brevet de pilote   Les pilotes peuvent à présent accrocher sur leur tenue de sortie et avec une très grande fierté, le macaron aux deux ailes entouré d'une couronne et surmonté d'une étoile.

 

   A l'occasion de l'inauguration du Foyer, Louis Wacrenier a écrit une pièce de théâtre Cliquer pour découvrir la pièce de théatre ... qui allait être interprétée par l'un et l'autre pilote de la promotion. Jean Maridor s'est vu confier un rôle de figurant qui lui permettra d'apparaître très brièvement sur les planches.

 

   Avec la clôture des examens, un dîner accompagné de vins variés est organisé le samedi 17 février dans un grand restaurant de la ville. Celui-ci se termine dans une joie indescriptible qui se prolonge tard dans la nuit et jusque dans les rues de la ville, par l'éclatement de pétards et de nombreuses autres facéties. Des courses de tonneaux sont organisées avec des barriques trouvées sur place qui dévalent les pavés dans un grondement d'enfer en réveillant tout le voisinage, pour finalement plonger dans la rivière le Maine. Une enseigne d'un charcutier représentant un porcelet a été démontée pour se retrouver fixée sous la plaque d'une sage-femme. Des vitres eurent à souffrir ainsi que des arbustes. Une partie de cache-cache ponctuée de coups de sifflets se joue entre les gendarmes et les jeunes garçons. A l'aube, un spectacle de désolation s'offre à la vue des habitants. Les jeunes hommes, en piteux état, sont raccompagnés par les forces de l'ordre à leur école. Ils sont alors convoqués chez le commandant qui leur a demandé de revêtir au préalable leur tenue n° 1. Celui-ci leur asséna un discours dont ils se souviendront longtemps :

 

"J'avais pensé qu'avant les sacrifices qui vont vous être demandés, il n'était pas mauvais, malgré la guerre, de vous détendre, en camarades, au cours d'une fête de promotion. Cela est de mise à Saint-Cyr et à Salon. Mais vous n'avez rien compris dans votre stupidité. Que vous vous laissiez individuellement aller à l'ivrognerie la plus basse et la plus abjecte, cela m'est égal, mais que vous déshonoriez l'uniforme que je porte, je ne l'admettrai jamais. Vous n'êtes pas dignes du macaron de pilote que vous portez sur la poitrine. Vous n'êtes plus pour moi les camarades que vous devriez être, mais de vulgaires voyous. Désormais, vous êtes consignés pour un mois, aucune sortie, aucune visite ne seront tolérées. Vous prendrez la garde à la place des réservistes. Vous ferez toutes les corvées, mêmes les plus rebutantes. En outre, je vous interdis, sous peine de prison, de parler aux élèves de la nouvelle promotion. S'il faut baptiser la vôtre, je l'appelerai la dernière des dernières : la "promotion Z". Vos adjudants vont répartir les corvées entre vous. Rompez!"

(extrait du livre de Gérard Ingold "Un matin bien rempli" et du témoignage de Raphaël Lombaert Cliquer pour lire la biographie qui n'a pas fait partie des joyeux fêtards entretien avec Raphaël LOMBAERT - MP3 108 komp3-108ko)

 

   On notera au passage que la promotion en question devait prendre à l'origine le nom de "Promotion A"

 

   Les pilotes conscients de la faute qu'il venaient de commettre tiennent à remplir ces corvées avec le maximum de rigueur afin de prouver qu'ils sont des soldats respectables. Jean Maridor, qui n'a pas fait parti de ce groupe de troubles-fêtes, puisqu'il dînait à ce moment là avec un camarade à Paris, a été néanmoins puni au même titre que ses camarades. Il décrit parfaitement l'événement dans sa lettre du 20 février 1940 à ses parents :

 

"Je vous assure que sa barde maintenant. Il y a un petit groupe qui après le banquet ont fait du chahut en ville. Résultat : toutes les corvées sont faites par les élèves on ne fait plus que ça. La garde est prise par les élèves : ce soir je prends la garde comme sous chef de poste de 18h à 18h demain. Pas de sommeil en perspective. Je suis nommé capot chef mais je m'en fous. Nous en avons pour un mois de ce régime à moins que nous partions avant. Nous voilà transformés en forçats. Evidemment toutes perms supprimées ..."

 

et à son camarade Marceau le 29 février 1940 :

 

"A mon retour à l'école j'ai eu une bien mauvaise surprise. Après le banquet il y a des copains qui ont fait du scandale en ville. Des gens sont venus se plaindre à l'école. Résultat : Toute la promotion est consignée. Nous prenons la garde pendant 12 H ou 24 H. Cette nuit j'étais sous-chef de poste aux hangars ; je t'assure que je me suis payé des kilomètres de ronde. Dans la journée, nous faisons toutes les corvées, et lorsque tu es de garde la nuit cela ne t'empêche pas de travailler comme les autres le jour. Nous sommes tous crevés. Cela doit durer 1 mois à moins que nous partions avant."

  

   Ainsi, ils effectuent avec beaucoup de persévérance et de rigueur leur sanction avec un minimum de sommeil. Ils appliquent scrupuleusement la théorie décrite par le manuel, revêtent leur grande tenue et enfilent des gants blancs lors de leurs tours de garde et effectuent les relèves avec "Présentez armes" et la passation des consignes à trois pas. Ils égrènent inlassablement les rites prescrits par la théorie et effectuent impeccablement et minutieusement les corvées. Le tout est alterné par les séances d'entraînement aériens.

 

   Les moniteurs, inquiets de la grande fatigue de ces garçons, plaident leur cause auprès du commandant en lui demandant s'il veut former des pilotes ou des balayeurs. Cependant, le 25 février, les jeunes pilotes sont déconsignés pour l'après-midi. Cet événement est survenu suite à une demande de permission de Jean Maridor qui l'explique dans sa lettre quotidienne à ses parents du 26 février :

 

"Hier après-midi mon oncle est venu me chercher. Comme nous étions tous consignés, j'ai été trouver le capitaine commandant l'école. Il ne voulait pas me laisser sortir et il trouvait injuste de m'en donner la permission alors que tout le monde était consigné. D'autre part, il était très ennuyé de m'empêcher de sortir. Alors il a fait une chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Il a déconsigné le quartier pour hier après-midi seulement afin de me permettre d'aller à Montjean. Je vous assure que j'étais soufflé et les copains aussi. Il m'a dit qu'il faisait ça parce que je suis le major de ma promotion et parce qu'il était très content de moi ..."

  

   Le 16 mars 1940, une trentaine de pilotes (l'effectif a été augmenté puisque dans les premières décisions ils n'étaient que 12), parmi lesquels Jean Maridor, sont envoyés à l'école de la chasse d'Etampes tandis que d'autres partent dans les unités de bombardement.

 

   Le 10 mai 1940, au lever du jour, sous la couverture de la Luftwaffe, quatre-vingts divisions allemandes déferlent sur la Belgique, la Hollande et le Luxembourg. La Hollande capitule le 13 mai et les Panzerdivisionen foncent en direction de la Meuse à travers les Ardennes, qui étaient pourtant réputées infranchissables et qu’elles passent cependant le 13 mai. Le 14 mai, les français tentent de contre-attaquer, mais il est déjà trop tard. Le 18 mai, devant l'avancée des troupes allemandes, l'école part pour La Rochelle puis à Saubrigues dans les Landes en juin. La campagne de France se termine le 18 juin.

 

   L'Armistice est signée le 21 juin 1940 à Rethondes avec effet du 25 juin.

 

   Avec la capitulation des armées françaises, un choix cruel se pose à nos pilotes. Ils ont été formés pour le combat, et l'éducation dans le stricte respect de leur Patrie qu'ils ont reçu de leurs parents durant cette période de l'entre-deux guerre ne leur laisse guère le choix. Il fallait agir, continuer le combat car l'ennemi a désormais pris possession de leur terre de France. Mais ils sont conscient qu'ils doivent quitter leur Patrie et se séparer définitivement de leurs proches. Ils savent également qu'en partant, ils seraient désormais considérés comme déserteurs. Un terrible dilemme se présente à eux et la décision qu'ils doivent prendre est la plus importante à laquelle ils ont été confrontée dans leur jeune vie. En quelques instants, les adolescents qu'ils étaient sont devenus des hommes responsables, qu'ils aient décidés de ne pas déserter ou au contraire de quitter leur Pays. La décision qu'il seront amenée à prendre ne devra appeler aucun jugement de notre part. Posons-nous simplement la question : qu'aurions-nous fait à leur place dans pareille situation ?

Ecole Civile de Pilotage d'Angers-Avrillé

Ecole Civile de Pilotage

d'Angers Avrillé

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Jean Maridor en février 1940 à Avrillé

Jean Maridor en

février 1940 à Avrillé

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Raphaël Lombaert et inconnu

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Raphaël Lombaert et inconnu - hiver 1939/1940

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Gippy la mascotte

Gippy, la mascotte de l'école

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Des pilotes en mars 1940 à Angers

Des pilotes en mars 1940 à Angers

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En mars 1940 à Angers - de gauche à droite ? - ? - Lombaert - Boudier - ? - Maridor - ?

En mars 1940 à Angers - de gauche à droite ? - ? - Lombaert - Boudier - ? - Maridor - ?

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Morane Saulnier MS 191

Morane Saulnier MS 191

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Capotage d'un Hanriot H 182

Capotage d'un Hanriot H 182

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Raphaël Lombaert au décollage à bord d'un Hanriot H 182

Raphaël Lombaert au décollage à bord d'un Hanriot H 182

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Poste de pilotage Hanriot H 182

Poste de pilotage d'un Hanriot H 182

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   Les uns, comme Saint Mleux ou Wacrenier entreront dans la résistance, alors que d'autres partiront en Afrique du Nord comme Raphaël Lombaert Cliquer pour lire la biographie qui rejoindra l'Angleterre en décembre 1943 et qui aura piloté pas moins de 138 types d'avions différents à la fin de sa carrière.

 

   17 d'entre eux  feront le choix de continuer le combat en Angleterre et embarqueront à Saint Jean de Luz le 24 juin 1940, sur l'"Arandora Star" et sur l'"Ettrick" le 25 juin. A leur amère déception, ils devront cependant attendre d'être passés en S.F.T.S (Secondary Flyng Training School), puis en O.T.U. (Operational Training Units), avant d'être versés dans les squadrons au courant de l'année 1941. Pour la plupart, il se retrouveront dans les escadrilles françaises comme le squadron 341 "Ile de France" ou le squadron 341 "Alsace". Certains comme Maridor resteront dans les squadrons de la RAF.

 

   Beaucoup ne reviendront pas comme Gaston Danielo, affecté au 118 squadron, qui a été le premier pilote issu de la "Promotion Z" a être tombé au champ d'honneur le 30 avril 1942, lors d'un combat inégal contre quatre FW 190. Qu'ils soient tombés à l'entraînement comme Charles Ingold Cliquer pour lire la biographie le 15 décembre 1941 et Claude Lehmann le 19 février 1944, ou dans les durs combats pour la Liberté comme Jean Maridor le 3 août 1944, ils ont toujours su garder jusqu'au dernier instant leur foi intacte, et ont su porter très haut le prestige et la gloire des Ailes Françaises. Lorsqu'ils combattront, ils le feront toujours avec bravoure et avec l'esprit de sacrifice et d'abnégation.

 

   Les quelques pilotes, qui ont eu la chance de connaître les joies de la Libération, n'oublieront jamais cette glorieuse épopée des Forces Aériennes Françaises Libres.

Raphaël Lombaert

Raphaël Lombaert

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Gaston Danielo

Gaston Danielo

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   Ainsi, Roland de la Poype, Compagnon de la Libération, qui s'est distingué en Russie dans l'escadrille française "Normandie-Niemen" en totalisant 16 victoires. Staline lui a décerné l'Ordre de Lénine avec Etoile d'Argent et l'a élevé au titre de "Héros de l'Union Soviétique". Cette distinction est la plus haute de l'Armée Rouge. Il atterrira en France, en compagnie de ses camarades de cette illustre escadrille, avec les "Yak" que les Russes leur ont offert en remerciement de leur très grande bravoure. Après la guerre, il est affecté au 2ème Bureau de l'Etat-major de l'Armée de l'Air en 1947, puis il quitte l'armée en 1947 pour se consacrer à diverses activités novatrices comme des fermes modèles dans lesquelles il applique des techniques nouvelles. Il sera également industriel et mettra au point des emballages plastiques alimentaires (Société d'Etudes et d'Applications du Plastique) et ira plus loin avec la création de la "Méhari" Citroën. Il est le fondateur du Marinland d'Antibes et sera Maire de Champigné (49330-Maine et Loire).

Roland Paulze d'Ivoy de la Poype

Roland Paulze d'Ivoy de la Poype

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   Alors qu'il venait de rejoindre le Groupe Alsace en Egypte en octobre 1941, Maurice Mailfert remporte sa première victoire. En patrouille à bord de son vieux Hurricane rongé par le sable et à bout de souffle, il est assailli par une nuée de Me 109. Ses deux camarades sont abattus et lui-même, la rage au ventre et à court de munitions, se jette sur un avion ennemi qu'il coupe en deux. En panne de moteur, il se pose sur le ventre dans le sable, à proximité des débris de l'avion de l'un ses camarades, et s'en sort avec un bras cassé. Cela ne l'empêche pas de donner à son camarade une sépulture décente surmontée d'une croix constituée de morceaux d'avion. Il marchera un certain moment avant d'être recueilli par des soldats anglais. Il sera l'un des tout premiers à poser son Spitfire sur le sol de Normandie en juin 1944. Après la guerre, il sera moniteur à l'école de Cognac puis envoyé en Indochine. Il exerce les fonctions de contrôleur d'opérations aériennes et effectue encore douze missions de guerre. Mais sa passion pour les armes à feu et la pyrotechnie sera la cause de sa mort le 6 juillet 1954. Il est inhumé à Champigné (49330-Maine et Loire) avec son père, Georges Mailfert, autre glorieux aviateur, mais de la guerre de 1914/1918.

Maurice Mailfert

Maurice Mailfert

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   Michel Boudier, Compagnon de la Libération, se voit confier par le commandant Mouchotte, "patron" du groupe "Alsace", le commandement de l'escadrille "Mulhouse". Il mène son escadrille stationnée à Biggin Hill au combat sur Spitfire IX puis, durant l'hiver 1943-1944, ce seront les missions au ras de l'eau par une météo pourrie sur Spitfire V. Le 6 juillet 1944, il se bat contre un très grand nombre de Me 109 en compagnie de P 47 américains. Dans cette violente mêlée, et au moment où il venait de signer sa 8ème victoire (et presque autant de probables), l'avion de Michel est atteint par une rafale. Il est contraint de sauter en parachute. Recueilli par une famille de résistants, ils seront tous arrêtés par la Gestapo. Il est condamné à mort mais il est finalement reconnu comme un soldat régulier et il est envoyé en Allemagne dans un oflag à Nuremberg puis à Munich, puis il est libéré par l'avance alliée le 29 avril 1945. Il termine la guerre avec 337 missions de chasse totalisant 436 heures de vol de guerre, 8 victoires officielles et 7 probables. Après la guerre, se porte volontaire pour l'Indochine où il effectuera encore des missions. Il occupe ensuite plusieurs postes dans l'Armée de l'Air (Etat-Major etc ...). Malade, il s'éteindra le 23 juin 1963 à Landau (Allemagne) et sera inhumé au cimetière de Senlisse (78720-Yvelines).

Michel Boudier

Michel Boudier

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   Jacques Guignard est affecté au 32 Squadron à Angle après avoir fréquenté les diverses écoles de la RAF puis il rejoint le Squadron Île de France le 16 novembre 1941 à Turnhouse. le 6 juin 1944, il participe à la protection de la tête de pont du Débarquement de Normandie et revient avec son Squadron en France près de Bernay le 19 août 1944. Il effectue sa dernière opération le 24 octobre 1944. Jacques Guignard a alors effectué 370 missions de guerre et il est crédité de 3 victoires en combat aérien. Il est sélectionné pour un stage de pilote d'essai en Angleterre d'où il sortira 7ème sur 25 pilotes. Il effectue son premier vol d'essais le 13 mars 1945 puis, le 9 août, il vole sur Gloster Meteor et sera ainsi le deuxième français à piloter un avion à réaction. Il rentre en France en 1945, puis il est affecté au Centre d'Essais en Vol de Brétigny et effectue son premier vol à Marignane le 29 janvier 1946. Il pilotera de nombreux avions de pointe comme le "Trident" sur lequel il battra plusieurs records du monde (15 000 m en 2mn 37s le 4 avril 1958 et 18 000 m en 3 mn27s). Sur ce type d'avion, il a deux accidents très graves. La première fois, il reste dans le coma et sera paraplégique. Mais il refuse son grand handicap et se soumet à de nombreuses opérations et à de pénibles traitements. Il conservera à jamais de terribles séquelles mais à force de volonté, il accède aux essais du supersonique "Concorde" sur lequel il effectue, le 2 mars 1969, le premier vol historique de 42 minutes de cet avion, comme co-pilote, en compagnie du pilote André Turcat, de Henri Perrier et de Michel Rétif. Il prend sa retraite bien méritée le 1er octobre 1970 avec 7 000 heures de vols à son actif dont 5 000 en essais. Il effectué les essais de 16 prototypes et les premiers vols de 10 d'entre-eux. Il s'éteint dans la nuit du 11 au 12 octobre 1988 à Espaon (32220-Gers) en laissant derrière lui une carrière particulièrement bien remplie.

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Jacques Guignard

Jacques Guignard

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Bien qu'il soit impossible de citer ici le parcours de tous ces glorieux pilotes de la "Promotion Z", ils peuvent être fiers d'avoir été les valeureux et braves acteurs, qui ont su apporter à leurs compatriotes le réconfort des cocardes tricolores passant au-dessus de leurs têtes et leur donner l'espoir que bientôt, le vent de la Liberté soufflera à nouveau sur la France. Ceux dont les cendres n'ont pas été rapatriées en France se retrouvent rassemblés, pour la plupart, dans le carré des aviateurs français au cimetière de Brookwood. D'autres, hélas, n'auront jamais de sépulture puisque leurs pauvres restes n'ont pas été retrouvés.

 

 

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Bibliographie :

ICARE n° 152 page 115 - "La promotion Z" par le Général Pierre LAURENT

"Un matin bien rempli" de Gérard Ingold

 

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Crédit photos :

-Monsieur Bertrand Hugot (Boudier-Guignard-Danielo-Mailfert)

- Monsieur Raphaël Lombaert

- Madame Thérèse Maridor

- Musée du Normandie-Niemen - Les Andelys (27700) (Roland de la Poype)

 
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